Here we go:
Samedi 26 février 2005
p.A 34 La Presse
par Simon Drouin
Pirouette budgétaire
Le 4 février, Joannie Rochette a reçu un accueil triomphal au Centre Gilles-Villeneuve. Un nombre impressionnant de ses concitoyens de Berthierville et de l'Île Dupas l'attendaient pour célébrer son récent triomphe aux Championnats canadiens de patinage artistique disputés à London, en Ontario. Cette victoire, c'est aussi celle de la petite communauté de Lanaudière, qui a toujours supporté cette patineuse au talent indéniable.
Dans son site Internet personnel, Joannie Rochette a pris soin de remercier tout ceux qui lui ont permis de se rendre jusque-là: ''Le groupe EBI, mon commanditaire majeur, monsieur Bélanger de Day's Inn de Berthierville, le club Optimiste de Berthierville, monsieur Grégoire du Festival ''Tout pour la musique'', monsieur Chartier du Jean-Coutu de Berthierville, monsieur Pierre Fournier de Gam Sports, Devault La Source du Sport(un merci tout spécial à Marcel pour les aiguisages), monsieur Farley de la Chambre de Commerce de Berthierville, Q.I.T Fer et Titane, la boutique Xpression, le club de patinage artistique de Berthierville ainsi que les femmes dynamiques du comité organisateur du cocktail dînatoire''...
Ouf! La liste donne le tournis, mais illustre à quel point le patinage artistique est un sport exigeant au portefeuille. En fait, selon une étude de Suzanne Laberge et Madeleine Hallé, de l'Université de Montréal, le patinage artistique est le deuxième sport le plus cher quand il est pratiqué à haut niveau. Les patineurs artistiques québécois de la relève et de l'élite dépensent en moyenne 19 420$ en une année. À 24 745$, les sports équestres commandent les dépenses les plus élevées.
Thérèse Rochette, la mère de Joannie Rochette, n'est pas étonnée quand on lui défile ces chiffres. Au moment de notre appel, elle était justement à faire le bilan de la dernière année de compétition de sa fille. Des bourses remportées lors d'épreuves du circuit Grand Prix, ses premières, permettront à la famille de souffler un peu pour la première fois depuis des années.
Est-il possible d'évaluer les dépenses de 16 années de compétition? ''C'est très onéreux. Je pense que je serais découragée si je me mettais à calculer tout ça!'' s'exclame Mme Rochette, qui a dû frapper à plusieurs portes afin de trouver de l'aide pour sa fille. ''Joannie a été chanceuse; elle a toujours été très gâtée par la commauté.''
Les Rochette ont inscrit leur fille au patinage artistique dès l'âge de 3 ans. ''On trouvait ça drôle de la voir patiner. C'est une fille unique alors on était aussi content de la coir côtoyer d'autres filles de son âge.'' Les parents ne savaient pas alors où cela les mènerait. Joannie a attrapé la piqûre, les heures d'entraînement ont augmenté, les demandes pour l'équipement aussi. À 12 ans, elle a quitté la résidence familiale pour aller s'entraîner au programme sports-études de Trois-Rivières.
''À partir d'un certain moment, la machine est partie, se rappelle Mme Rochette. Il n'est plus question de ménager les 10 ou 20 dollars. Il faut que tu donnes les meilleurs outils à ta fille pour réussir.''
Diane Choquet, coordonnatrice technique et développement de la fédération québécoise, reconnaît que la pratique du patinage artistique sur la scène internationale n'est pas à la portée de tous. ''Mais il y a moyen d'en faire à un bon niveau sans que ça ne coûte trop cher'' plaide-t-elle.
Mme Choquet estime que les patineurs artistiques ne sont pas plus désavantagées que leurs collègues des autres sports. ''On côtoie les autres fédérations au Stade Olympique, et quand on se compare, on se console, juge-t-elle. À tous les niveaux, c'est pareil. Un billet d'avion, c'est un billet d'avion. Un plateau d'entraînement, c'est un plateau d'entraînement. La plus grande différence en patinage artistique, c'est peut-être que les entraîneurs sont payés dès le début. Dans plusieurs autres sports, les entraîneurs sont bénévoles dans les niveaux les plus bas.''
Pour une patineuse du calibre de Joannie Rochette, les postes de dépense sont multiples: location de la glace, entraîneurs(80$ à 100$ de l'heure), patins(1500$), robes, chorégraphes(6000$ pour deux programmes), sélectionneur de musique, costumes de compétition(1000$ à 1200$ pièce), vêtements d'entraînement, produits de beauté, déplacements(avion, auto), hôtels, dépenses de l'entraîneur, etc.
'' Je ne regrette rien, affirme Mme Rochette, qui est encore envahie par les frissons quand elle repense au championnat canadien remporté par sa fille. Je sais que plusieurs parents ayant investi la même chose que nous n'auront probablement pas les même résultats. Pour Joannie, ça l'a marché. C'est peut-être dû à sa force de caractère.''
Hey voilà! C'est vraiment plus long écrire que le lire. En tk, il y a une jolie photo de Joannie dans son programme long des championnats canadiens j'imagine qui accompage l'article.